▬ Quand la folie passagère nous tient, on ne peut rien y faire || Libre

Il y a deux formes de peur : la peur rationnelle, et la peur irrationnelle. Je suis atteinte d'une peur qui se trouve entre ces deux formes : j'ai peur des gens, en général. Peur de leur regard sur moi, peur de ce qu'ils peuvent penser de moi. Quand une personne inconnue vient me parler, j'ai peur que ce soit pour me jeter quelque chose au visage. Cette peur me plonge dans un état de paranoïa chronique, et donne l'impression que je suis folle.
Nous sommes dix-neuf heures. Je viens de terminer mes révisions pour le devoir du lendemain. A ce moment, je prévois de prendre une douche, d'aller manger un morceau au parc, de rentrer et de me coucher. Je fis donc comme prévue, et me dirigeai à l'intérieur de la petite salle de bain de ma chambre d'étudiante. Je me déshabillai, laissant glisser mes vêtements le long de ma peau pour enfin toucher le sol et entrai dans la salle de douche. L'eau chaude coulait le long de mon corps et me faisait un bien fou. La fatigue accumulée ces derniers jours semblaient disparaître pendant un instant, laissant place à un optimisme plutôt inhabituel. La douche se finit, et je m'emmitouflai dans une serviette chaude avant de sortir. Puis, je me dirigeai vers mon armoire, à moitié vide, pour réfléchir à ce que je pourrais mettre. J'optais pour un t-shirt fin, un jean, des bottes et un manteau. Après tout, il ne devait pas faire si froid que ça, ou du moins, pas aussi froid qu'en Russie.
La Russie.. L'évocation de ce souvenir était encore très douloureuse, même après six ans. Le fait même qu'une telle chose est put se produire était insupportable. Quelques fois, j'avais l'impression de sentir de nouveau ses mains glacées sur ma peau contrastant avec son haleine chaude au creux de ma nuque. La colère monta en moi, sans que je ne puisse l'en empêcher. Mon poing se serra et donna un coup dans le mur. Un coup si fort que j'en tombai parterre, en larme. Mes longs cheveux blonds glissaient le long de mon dos, et devant mes yeux. J'étais pliée, seule, sur le sol entrain de souffrir à cause de lui, de cet homme, cette saloperie.
Au bout d'une demi-heure, je trouvais enfin le courage de me relever, de m'habiller, et de sortir. Je descendis les marches de Warwick Road essayant d'essuyer mes larmes et atterrie dans l'immense hall. Je relevai la tête, et pus apercevoir un banc vide. Je me dirigeai vers lui, et baissai de nouveau la tête, perdue dans mes souvenirs lointains mais inoubliables.

Il devait être dix-neuf heures, je pense. Je n'avais pas regardé, et je n'en avais pas envie. J'étais crevée, nous avions passé les deux dernières heures de cours à courir autour d'un stade. Je détestais le sport, je n'avais jamais aimé et je n'aimerais jamais. Je n'ai jamais compris l'intérêt de courir derrière un ballon, ou de grimper sur une corde... et l'exercice physique n'a jamais paru me donner plus de forme. Juste à m'épuiser ! Voilà bien deux heures que je trainais dans mon lit, les jambes toutes courbaturées.
Je me ressaisis : je n'allais pas passé la soirée à flemmarder dans mon lit ! J'avais déjà fait tous mes devoirs, j'avais pris ma douche et j'étais toute fraiche. Je me levai du lit et pris des vêtements dans mon armoire. Une veste, un jean et un t-shirt. Je n'y faisais pas vraiment attention, à vrai dire. J'enfilai mes chaussures et redonnai un peu d'allure à mes cheveux.
Je pris mon portable, mes clés et sortit de ma chambre. Je n'avais pas encore de colocataire, et cela me manquait assez. Je n'aimais pas rester seule dans les couloirs sombres de Warwick Road Campus... avec ce Mr Hyde en liberté, je n'étais jamais rassurée, même enfermée à double tour dans ma chambre d'étudiante. L'article que tous les journaux affichait m'effrayait à un point fou ! J'essayais de ne pas paraître trop terrifiée, cela pouvait me porter préjudice. Mais au fond, je ne me sentais absolument pas en sécurité.
Heureusement, à cette heure-ci, les couloirs grouillaient d'étudiants. Je descendis les escaliers et traversai la grande salle qui constituait le hall. Je regardai autour de moi en me demandant où m'asseoir. J'aperçus alors un banc sur lequel était assise une magnifique jeune fille. Blonde, les yeux bleus, avec un visage angélique, un visage de poupée. Je me rappelai de l'avoir vu la veille, en cours de sciences. Je crois qu'elle était nouvelle, car je ne l'avais pas vu auparavant. Je décidai d'aller lui tenir compagnie. Ce n'était pas facile d'être nouvelle, j'espérais qu'elle était aussi gentille que son visage le disait.
Je me dirigeai donc vers son banc et m'assis à ses côtés en la saluant. Tout en lui souriant, je lui dis que je m'appelais Dakota. Elle me répondit timidement que son nom était Lexie. C'était joli, et je lui dis. Elle avait un joli accent, des pays de l'est. Polonaise, russe, sûrement.

- Tu es nouvelle ici ? Je ne t'avais jamais vu avant !

Je ne fus pas restée seule bien longtemps. Une jeune fille, sûrement une étudiante, vient s'assoir à côté de moi. Elle était blonde, la peau quelques peu dorée, et très jolie. Elle s'assit à mes côtés en me saluant, et en déclarant qu'elle se nommait Dakota. Ce prénom, je l'adorais! Il me faisait penser aux états d'Amérique, Dakota du Sud et le Dakota du Nord. Je lui fis un timide sourire et lui répondis que je me nommais Lexie. Elle trouvait mon prénom joli, et me fit la remarque. Pour la première fois depuis un bout de temps, un sourire s'était dessiné sur mes lèvres, bien que petit. J'avais l'impression que les souvenirs de l'époque durant laquelle je vivais en Russie c'étaient un peu dissipés le temps d'un instant.
Dakota me demanda si j'étais une nouvelle élève, car elle ne m'avait jamais vu avant. J'aurais dû me douter que cette question me serait posée un jour ou l'autre. Je baissai la tête, ce qui entraina la chute de mes cheveux devant mon visage. Je les remis en place derrière mes oreilles et répondis :

Eumh.. Oui, je suis nouvelle..

Je me dis alors que, sûrement, elle allait me demander d'où je venais, pourquoi j'étais venue à Oxford, et tout le reste. J'avoue que cela me gênerait, mais comme on dit, on ne peut pas prédire l'avenir. Jamais je n'aurais pu prédire que je me ferais violée le jour de mes treize ans.. Jamais je n'aurais pu prédire le décès de la femme qui avait eut l'extrême gentillesse de me recueillir..

Elle marqua un temps d'arrêt avant de me répondre. J'avais l'impression de lui avoir poser la question qu'elle ne voulait pas entendre... elle baissa la tête, et n'avait pas envie de me donner de détails, cela se voyait. Elle bredouilla un petit "Oui", tout en perdant le joli petit sourire qu'elle arborait. D'un naturel curieux, je brulais de savoir ce qui lui faisait tant de mal. Mais c'était indécent de lui poser la question. Peut-être le saurais-je un jour ? Pour l'instant, je décidai de changer de sujet, c'était certainement ce qu'il y avait de mieux à faire.
Je ne savais pas trop de quoi parler, en fait. Un gêne s'était installé entre nous à cause de ma question. C'était de ma faute... mais je ne pouvais pas savoir ! Il ne me restait plus qu'à faire oublier ce petit incident à Lexie. Je réfléchis aux choses que je pouvais lui dire, sans que ça ait un quelconque rapport avec son passé. J'optai finalement pour une question qui j'espérais, ne lui rappellerait aucun souvenir fâcheux. Et je continuai par lui parler de moi, après tout c'était je pense le mieux à faire.

- Ca te plait, ici ? Moi j'aime bien. C'est ma première année, avant j'habitais en Amérique. J'ai décidé de venir en Angleterre pour étudier, c'est ma cousine qui m'en a donné l'idée. Elle habite ici, mon cousin aussi. Ils sont tous les deux à Warwick, et j'ai pensé que je m'y plairais aussi. Ca fait pas mal de changements mais c'est vrai que j'avais raison de penser que ça me plairait. Et puis bon, les cours sont de bon niveau, et c'est quand même important ! Par contre, ils ont des cours de sport épuisant ! dis-je en rigolant. Oh je suis désolée, je parle beaucoup ! Quand je commence je ne m'arrête plus. Je ne t'ai même pas laissé le temps de souffler!

J'espérais que mon petit discours n'aurait aucun effet indésirable sur Lexie. J'étais curieuse de savoir ce qu'elle allait répondre à ce flot de paroles ! Pourvu qu'elle ne me trouve pas stupide.

Je remarquai une chose, lorsque Dakota se remit à parler : quand elle s'y met, on ne peut plus l'arrêter! Cependant, ça n'était pas un problème. N'étant pas de nature bavarde, j'aimais écouter les gens. A vrai, dire, sa compagnie était même.. Agréable. Je lui souris. Elle s'excusa de parler trop. Elle m'avait donc ainsi expliqué qu'elle venait d'Amérique, et que c'était sa cousine et son cousin qui l'avaient convaincu de venir ici, à Warwick Road. Elle venta les mérites de l'université, des cours - mise à part ceux de sport - et me dit que quand elle commençait à parler, elle ne s'arrêtait plus. Ça, je l'avais remarqué!
Je laissai mon regard balayer le hall de fond en comble, examiner les gens autour de nous, avant de lui répondre :

Et bien.. Je suis arrivée il y a une semaine donc je ne peux pas vraiment dire.. Je viens de France. Enfin, j'ai vécu en France avant de venir ici. J'avais entendu parler du mérite de ce campus, alors j'ai voulu m'inscrire. C'est vrai que leurs cours ont l'air bien. Et.. J'adore le sport, personnellement! rajoutais-je en rigolant un peu.

Apparemment, cette jeune blondinette à l'air un peu enfantin avec un pouvoir sur moi. Enfin, sur mon moral du moins. Alors qu'elle ne me connait pas, et que je ne la connais pas non plus, elle arrive à aller jusque me faire rire. Peut-être que ce campus était vraiment pas mal, après tout. J'avoue que je ne lui avais pas dit toute la vérité.. Mais d'un côté, qui aurait envie de savoir mon passé?!
Je décidai de faire un peu la conversation à mon tour, et je lui demandai :

Mmh.. Dis, Dakota c'est ça? Je n'ai pas la mémoire des noms.. Est-ce que cette histoire de meurtre est vraie?

Je voulais savoir. Après tout, c'était dans mon droit, j'étudiai ici!

- Et bien.. Je suis arrivée il y a une semaine donc je ne peux pas vraiment dire.. Je viens de France. Enfin, j'ai vécu en France avant de venir ici. J'avais entendu parler du mérite de ce campus, alors j'ai voulu m'inscrire. C'est vrai que leurs cours ont l'air bien. Et.. J'adore le sport, personnellement! rajoutais-je en rigolant un peu.

Je voyais qu'elle ne me disait pas tout. Il devait y avoir une histoire avant qu'elle arrive en France, c'était évident qu'elle n'était pas française. Mais comme tout à l'heure, je ne lui en demandai pas plus. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle me posa à son tour une questions :

- Mmh.. Dis, Dakota c'est ça? Je n'ai pas la mémoire des noms.. Est-ce que cette histoire de meurtre est vraie?

Arg. Le meurtre. Tout était bon pour que je ne pense qu'à ça, décidément ! Lexie n'avait pas du trop se renseigner, elle n'avait pas du lire l'article de Mr Hyde et tout ce qui circulait sur cette histoire.

- Pour être vraie... elle l'est ! C'est une histoire horrible, je... je n'ose même pas te raconter en détail. En fait... ça me fait terriblement peur, je l'avoue. Tu sais le tueur... il a posté quelque chose, c'est paru dans les journaux et ça tourne sur internet. Certains n'y croient pas, mais moi j'y crois. Et il parle de lui... il se dit "Mr Hyde" et il dit qu'il vit depuis plus de cent ans, qu'il va plus vite qu'un félin et qu'il est agile comme je ne sais quoi... je ne sais pas si tu le sais, mais à l'ouverture du campus il y a eu des tonnes de meurtres ici-même et ils ont fermé plusieurs fois. Ca m'effraie tout ça, je ne me sens vraiment pas en sécurité ici...

Dakota me parla donc du meurtre. Elle me dit qu'elle même avait peur, et me parla d'un article de ce « Mr Hyde ». Les gens ne savaient plus quoi inventés pour vendre des journaux.. Après tout, ça pouvait parfaitement être une pure invention de la part du Oxford's Times pour faire vendre. Mais.. Ça serait bizarre quand même. Pourquoi faire de la propagande?! Enfin bref. La jeune blondinette m'expliqua qu'elle ne se sentait pas vraiment en sécurité ici. Tout en l'écoutant, je jouais avec mes cheveux. Une fois qu'elle eut terminé, je lui répondis :

Ah.. Je vois..

Je ne savais pas vraiment quoi rajouter. Autant éviter d'avoir l'air d'une râleuse alors que je viens à peine d'arriver en Angleterre. A vrai dire, avant de venir ici, j'avais longuement hésité. Il était vrai qu'il y avait des universités très réputées en France, comme la Sorbonne, mais cela m'aurait rappelé trop de souvenirs.. Quand quelque chose de mauvais se passait dans mon histoire, il fallait que je m'éloigne du lieu où cela s'est passé. Or, Paris était encore bien trop près..

Elle avait l'air de ne pas savoir que répondre.

- Ah...je vois...

J'espérais que je ne l'avais pas effrayée... elle me l'avait demandé après tout. Peut-être regrettait-elle d'être venue ici, finalement ? Pourquoi avait-elle choisi cette université, en fait ? J'avais toujours une folle envie d'en savoir plus sur elle. Mais ce n'aurait pas été bien de lui poser des questions privées comme cela... Elle n'était là que depuis une semaine, je n'allais pas l'embêter plus. Néanmoins, il y avait quelque chose chez elle qui m'attirait. Je veux dire, je n'avais pas envie de partir. Lui parler me plaisait. Elle avait l'air vulnérable, et en même temps on voyait qu'elle avait vécu beaucoup de choses dans sa vie.
Je ne savais pas trop quoi dire. Tout en réfléchissant à ce qui pourrait l'intéresser sans l'intéresser, je l'observai. Son visage était vraiment angélique. Je n'en avais jamais vu de tel ! Elle avait quelque chose de presque inhumain. Sa peau était lisse, parfaite, sans défaut, et elle avait une couleur magnifique. Pâle, mais pas trop, juste comme il faut. Ses cheveux étaient tellement blonds qu'on aurait dit qu'elle s'était faite une teinture, mais on voyait que cette magnifique couleur était authentique. Ses yeux étaient bleu océan, et ils avaient une joli forme. Elle pourrait être mannequin ! Elle devait avoir beaucoup de succès au près de la gente masculine.
Je réfléchissais toujours, je ne savais absolument pas de quoi parler. Des tonnes de questions se bousculaient dans ma tête, mais toutes convergeaient vers son passé. Je pourrais lui parler de moi, encore, mais elle penserait que je suis complètement narcissique. Je pourrais aussi lui parler des cours, lui demander qu'est-ce qu'elle avait eu aujourd'hui, mais ça aurait été ennuyeux. J'aurais pu lui parler de la plus et du beau temps, mais pour les mêmes raisons je ne le fis pas. Je relevai les yeux vers Lexie, elle me regardait. Je devais avoir l'air stupide, perdue dans mes pensées depuis tout à l'heure ! Je compris qu'elle pensait la même chose, et je rigolai.

- Désolée, j'étais perdue dans mes pensées philosophiques ! Je ne savais pas trop de quoi parler pour ne pas t'ennuyer. En fait peut-être que je t'énerve déjà, tu n'as peut-être pas envie que je reste là avec toi ! Je suis un peu collante des fois...

Je vis Dakota perdue dans ses pensées, ce qui me fit rire. Elle resta un bon moment à regarder ses pieds et à réfléchir, tandis que moi, toujours avec le sourire aux lèvres, je la regardais en attendant qu'elle bouge. Je crus même, durant l'espace d'un instant, qu'elle s'était endormie.. Oui, parfois je suis réellement idiote.
C'est alors que la petite blondinette - petite comparée à moi, si on veut.. je fais quand même un mètre soixante-quinze! - releva la tête, et me regarda en rigolant avec de déclarer qu'elle était désolée, qu'elle était perdue dans ses pensées « philosophiques ». Cette fille avait le sens de l'humour, ce qui était à mes yeux une très grande qualité. Je lui répondis alors :

T'inquiète pas, ça m'arrive aussi souvent. Sinon.. Je peux te poser une question? lui demandais-je en me mordant la lèvre inférieur.

J'attendis un petit moment sa réponse. Quand elle donna une réponse affirmative, je lui demandai alors.

Euh.. Ça pourrait te paraitre bête mais.. Comment sont les élèves ici?!

*Hééé dit je fais un mètre soixante-treize hein xD*

Elle rigola de mes paroles. J'arrivais à la faire rire, c'était bien ! Elle n'avait pas l'air d'être le genre de fille à rigoler avec tout le monde et à accorder sa confiance au premier venu. Pourtant j'avais vraiment envie de devenir son amie, je ne sais pas pourquoi.
Pour la seconde fois, elle me posa une question :

- T'inquiète pas, ça m'arrive aussi souvent. Sinon.. Je peux te poser une question?
- Bien sur, que se passe-t-il ? lui répondis-je aussitôt.
- Euh.. Ça pourrait te paraitre bête mais.. Comment sont les élèves ici?!

Sa question ne me paraissait pas bête du tout. Quand on est nouvelle, c'est normal de vouloir s'informer. Quand je suis arrivée cette année, je me suis sentie nouvelle aussi. Mais c'était moins dur car c'était la rentrée et, de plus, je suis en première année. Mais pratiquement tout le monde ici ne s'était pas inscrit seul. Malgré tout j'avais ma cousine, Ginnie.

- Eh bien... tu sais je ne connais pas énormément de monde ici. L'année précédente - et toutes les autres d'ailleurs - j'étais en Amérique. Et ça ne fait que deux mois que les cours on reprit. Enfin j'ai pu observé qu'ils sont plutôt comme partout... il y a de tout, quoi. Des gens gentils, des gens moins gentils. Seulement à Warwick ils ont quelque chose que les autres non pas : la peur. Enfin, au début, ils ne l'avaient pas... Je n'ai pas vraiment choisi la bonne année pour avoir dix-neuf ans ! rigolai-je malgré moi. Tout le monde ici a peur, qu'il le montre ou non. Il y en a même qui ont quitté le campus... mais ceux qui restent n'en sont pas moins terrorisés. Et surtout depuis l'article dont je t'ai parlé. Enfin sinon, je pense que tu n'auras pas de mal à te faire des amis rapidement, tu sais ! Et puis tu es tellement jolie, que je pense que tu n'auras même pas besoin d'aller à eux ! finis-je en rigolant.

Ce que j'avais dis était vrai. Il y avait de tout ici, comme partout. Des sportifs, des âmes charitables, des méchants, des gentils, des prétentieux, des intelligents comme des moins intelligents... Enfin comme dans toutes les universités. Mais la peur règne, et cela se sent. Mr Hyde est sur toutes les lèvres, le meurtre est toujours dans toutes les têtes, même si on ne l'avoue pas toujours. Plus que jamais les filles essayaient d'avoir toute leur bande de copine avec elle quand elles allaient aux toilettes. Même les garçons n'osaient pas y aller seuls. Tout comme moi, d'ailleurs...

Dakota me répondis qu'ici, elle ne connaissait pas grand monde. Du moins, pour l'instant. Cependant, elle me raconta que les élèves ici étaient comme partout, sauf qu'eux, ils possédaient en plus des autres la peur dut aux meurtres. Apparemment, à Warwick, certains élèves sont plus gentils que d'autres. Bon, c'est vrai que c'était courant. Dans n'importe quel pays, n'importe quelle ville, on retrouvait cette différence parmi les habitants des campus. J'avais eu l'occasion de rencontrer quelques élèves parmi le nombre élevé de ceux du campus. J'avais également fait la connaissance d'un officier de police du nom d'Ethan. Cette personne était la première à qui je me suis si vite attachée. Je ne le connaissais que depuis une semaine, mais je pouvais déjà le considérer comme mon grand-frère, mon confident.
Dakota fit une remarque qui me gêna un peu.. Une remarque sur mon physique. Depuis le viol, j'avais énormément de mal à accepté mon physique.. Cependant, je décidai de prendre ça comme un compliment, et lui répondis :

Et bien.. Merci.. Toi aussi tu es très jolie!

Il était vraie qu'elle était vraiment belle. Elle avait bien le physique d'une jeune américaine! La peau dorée, mince, les cheveux de la couleur du blé.. Je suis sûre que, dans l'avenir, elle pourrait devenir mannequin.
Cependant, l'avenir aussi lointain n'était pas ce qui me préoccupé le plus. J'avais un peu peur de voir ce qui aller se passer avec cette histoire de meurtre, de Mr Hyde etc.. S'inspirer d'un roman était, je l'avoue, une assez bonne idée.. Connaissant la schizophrénie du personnage, c'était d'autant plus terrifiant..

Lexie me remercia, et me retourna le compliment. Je la remercia chaleureusement à mon tour. Elle avait l'air perdue dans ses pensées, tout comme moi il a cinq minutes. Je me demandais à quoi elle pouvait bien penser... j'avais envie de lui demander, mais je trouvais cela indiscret. Elle ne m'avait rien demandé, elle, quand je réfléchissais. Je suis vraiment très curieuse, quand on y pense ! D'ailleurs, la question sortit de ma bouche malgré moi :

- A quoi tu penses ?

Je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander. Oui, à y réfléchir je dois vraiment travailler cette curiosité maladive ! J'espérais qu'elle n'allait pas trouver ça trop indécent. Surtout qu'elle n'avait pas l'air du genre à raconter sa vie à la première venue...

- Oh je... ! Désolée je ne voulais pas, c'est sorti tout seul. Je suis vraiment trop curieuse, il faut que j'me calme ! dis-je avec un petit rire gêné.

Je devais vraiment l'embêter. Elle voulait sûrement que je la laisse tranquille ! C'est vrai que j'avais cette manie de toujours aller voir des gens qui ne m'ont rien demandé. Généralement, ça ne dérangeait pas trop. Mais Lexie avait l'air bien différente des gens que je connais, que j'ai l'habitude de rencontrer. J'espérais quand même que malgré cela, nous pourrions devenir amies. Lexie était visiblement une fille qui avait les pieds sur terre, et qui était intéressante derrière sa timidité qui cachait sûrement un passé douloureux. Je n'ai jamais été timide, moi. C'est une qualité, non ? Je ne vais pas dire que j'ai vraiment confiance en moi, mais je n'ai honte de parler en public, et ou de présenter des choses qui viennent de moi. C'est plutôt une chance, je préfère être trop sociale que pas assez ! Et puis ça me permet de ne jamais rester seule dans mon coin, je suis toujours avec quelqu'un. Et ça, c'est un avantage à Warwick Road Campus...

La jeune blonde demanda à Lexie à quoi elle pensait, ce qui gênait la jeune russe. Elle ne voulait pas admettre qu’elle pensait une fois de plus à son passé, ce passé quel voulait oublier. Elle ne souhaitait pas non plus répondre que, chaque nuit, à la même heure, avec la précision d’un métronome, ses cauchemars s’emparaient une fois de plus d’elle. Non, tout ça, elle aurait voulut que ça appartienne à la vie de quelque un d’autre, et pas à la sienne. Comment pouvait-elle expliquer à cette jeune femme, à Dakota, les horreurs de son passé sans qu’elle ne se fasse juger? Les avis des gens sur son histoire, le peu de fois où elle en avait parlé, différaient. Certains la trouvaient courageuse, d’autre faible, idiote. C’est vrai que la meilleure solution aurait était de prévenir de ce qui lui était arrivé, mais elle n’en avait pas eu le courage. Était-ce si mal d’être faible? De ne pas avoir su se défendre?
Lexie avait constamment l’impression de se faire rabaisser par les gens quand elle leur racontait les fantômes de son passé qui venaient lui rendre visite chaque nuit, comme si ils avaient peur qu’elle oublie. Encore aujourd’hui, elle se souvenait de l’expression du jeune homme lorsqu’il était rentré dans la chambre, lorsqu’il la pénétrait et lui faisait perdre le restant de dignité et de fière qui lui restait.
Lexie regarda Dakota, qui venait de s’excuser pour sa question indiscrète, et lui dit avec un sourire qu’elle voulait chaleureux et rassurant :

- T’inquiète pas, il n’y a aucuns problèmes. Je pensais juste à cette université qu’il va bien falloir que je commence à découvrir.

Lexie n’aimait pas mentir, pas du tout même. Mais dans certains cas, il le fallait bien..

Je vis que ma question l'avait gênée. Elle devait encore penser à quelque chose qui concernait son histoire personnelle, et dont elle n'avait pas l'intention de parler... Qui avait-il de si terrible ?! J'espérais encore et toujours l'apprendre plus tard... Lexie me répondit en souriant qu'il n'y avait aucun problème. Je voyais bien qu'elle avait mis du temps à répondre, qu'elle avait réfléchi à qu'est-ce qu'elle pourrait dire pour cacher la vérité. Elle me dit qu'elle pensait à l'université qu'elle allait découvrir, et je savais pertinemment bien que c'était un mensonge. Je ne lui en voulais pas, certaines fois on ne peut ou on ne veut pas dire la vérité. C'est normal.

Je crois que j'avais épuisé mon stock de conversations externe à tout ce qui pourrait la blesser... Je lui demandai, sans grand enthousiasme si elle logeait dans une chambre d'étudiant sur place. En même temps, je regardais autour de nous. Le hall s'était vidé, je suppose que tout le monde allait dîner. Il était tard, nous avions parlé un bon bout de temps avec Lexie. Il restait par-ci, par-là quelques personnes, en couple ou avec leur amis, révisant ou s'amusant... J'observai l'extérieur à travers la baie vitrée. Il faisait noir, seul les jolies lampadaires des jardins les éclairaient. C'était beau, encore plus qu'en journée. Les jardiniers faisaient vraiment du bon travail, et les lumières rendaient bien. Je n'étais jamais sortie le soir, cela m'effrayait, à vrai dire. C'était peut-être joli, mais pas rassurant du tout... comment se sentir en sécurité, ici, dehors et dans le noir ?

Je me retournai vers Lexie. Elle avait l'air de regarder la même chose que moi, et quand elle m'entendit elle se tourna également vers moi. Elle me répondit :

» Un petit tour au parc, pour tous comblé_ || Libre.